Grandir dans une famille mixée

18:09



Si vous ne le saviez pas, je suis brésilienne de par ma mère (qui a probablement de lointains ancêtres hollandais et portugais) et française de par mon père (qui a probablement de proches ancêtres espagnols).

Je ne connaissais pas ma différence avant l'école maternelle, principalement parce qu'avant, mes seuls contacts humains étaient tous français / brésiliens, les deux langues ne faisaient qu'une seule dans ma tête, tout comme les cultures. Mon meilleur ami / amoureux à la crèche était espagnol et français également, alors les cultures étaient semblables, c'était moins difficile avec lui qu'avec les autres, bien qu'il faut l'admettre, qu'à cette époque là, j'étais trop petite pour voir les différences. En commençant l'école maternelle, cette immersion dans un monde nouveau m'a fait commencer à réaliser que j'étais .. différente. Le déclic s'est fait au niveau des contacts physiques, des sourires, des rires. Au Brésil, les gens sont très ouverts, ils rient fort, ils sourient à pleines dents, ils font des câlins, des bisous sans gêne. En France, c'est différent. Les gens sont plus froids, les gens ne sourient que rarement. La nourriture a été également un problème, mais moins important. Au Brésil, ils mangent ce que nous mangeons aussi ici en France principalement, mais le petit-déjeuner est différent, il y a beaucoup plus de fruits, d'oeufs. Je mangeais à la cantine alors ce problème ne s'est pas trop posé.

Les enfants sont méchants, toutes les choses nouvelles leur font peur alors ils les rejettent, les isolent. J'ai grandi dans une atmosphère pas diversifiée du tout à l'école. Il y avait un asiatique, deux tunisiennes mais c'est tout. Le reste des personnes étaient blanches. Je le suis aussi, mais mon comportement différait du leur, tout comme la couleur de peau de ma mère qui est plus bronzée que moi. Mais les enfants n'étaient pas les seuls à être méchants.
Les adultes pouvaient l'être aussi. Certains ne connaissaient pas la culture brésilienne, alors ils hasardaient de façon vicieuse, me regardaient parfois avec dégoût. Je crois, aussi loin que ma mémoire me le permette, qu'aucun n'a pour autant osé me dire quelque chose en face. Ma mère est une sacré lionne qui m'aurait défendu férocement. Une fois, par contre, une phrase m'a choquée mais elle a été dite à ma mère et non pas moi. "De toute façon, tu n'es venue qu'en France et ne t'es mariée avec [nom de mon père] que pour avoir les papiers." a dit un proche. C'était un adulte, une figure d'autorité, il devait y avoir une part de vérité dans ces mots, non ? En tout cas, c'est ce que mon moi enfant essayait de comprendre.

Je n'ai pas pris la route de "Je suis fière de mes origines" tout de suite. J'ai d'abord essayé de me fondre dans la masse, avec ma maladroitesse habituelle, c'était une catastrophe. Je ne me sentais pas à ma place (pour un millier d'autres raisons également mais pas d'étalage). Je suis passée d'extrovertie, petite, à introvertie, en grandissant. Ce n'est que récemment que ma différence m'est apparue comme une force, que mes origines me rendaient fière (et pas seulement parce que étant bilingue, c'est plus facile pour moi d'apprendre d'autres langues).
Il y a tellement de points positifs à avoir grandi dans une famille mélangée. J'ai été exposée à tellements de choses différentes, de nourritures différentes, de personnes différentes. Je suis réellement un mélange de ces deux cultures. Maintenant, du haut de mes quinze ans, mon avis est différent d'il y a dix ans. J'adore ça ! J'adore pouvoir passer d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre avec facilité. Je ne changerais mes deux cultures pour rien au monde.




Julianna

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